Atelier n°1 : Dix mots pour la francophonie ! – TEXTE de Claude Thérond
Miracle en Avignon
L’hiver était rude. Le Rhône avait gelé et il n’y avait plus rien à manger. Au Verger d’Urbain, les hurluberlus racontaient de folles fariboles aux affamés prêts à croire toutes les coquecigrues qu’on leur contait. Un jour arriva un grand escogriffe, venant, disait-il, du Pays de Cocagne. Sa panse rebondie en témoignait et donna confiance à tous, du Rocher des Doms au Bourg-Neuf, du Pont Saint-Bénézet au Portail Mathéron. On murmura que même la mule du Pape donna un grand coup de sabotC4040-103 en signe d’acquiescement. Quant au Pontif, il se laissa ambiancer comme tous : clercs, marchands, artisans, compagnons, écoliers sans oublier ribauds et ribaudes.
Afin d’éviter de tomber dans le Tohu-bohu, pire que l’Enfer, il fallait faire un grand charivari. Un grand charivari pour effrayer le Bonhomme Hiver qui traverserait le fleuve gelé et attaquerait ceux de Villeneuve. Ainsi fut fait, le long cortège où se mêlaient gens d’Eglise, de Robe, d’Armes et petit peuple parcourait en zigzaguant les rues, ruelles, venelles étroites et sinueuses de la ville, en chantant à tire-larigot la formule mystérieuse dont le Grand Ordonnateur n’avait confié le sens à personne : SOS-SOS. Tout me monde s’époumonait et soudain, plus un cri, plus un geste. Dans l’encadrement000-330 du Portail Magnagnen apparut marchant majestueusement un Bœuf Gras. Ouf !
Claude Thérond, mars 2014.